Est-ce que tu peux me raconter comment tu es arrivée aux éclés ?
Oui ! Alors, mon meilleur ami était respons, et c’est lui qui m’a motivé à venir essayer sur un week-end. Ensuite, je suis restée parce que les autres responsables qui étaient là m’ont vraiment plu. Dès le premier week-end, on m’avait déjà expliqué les cinq valeurs éclées parce que j’avais déjà participé à une réunion. La valeur qui m’a particulièrement touchée et qui est ma préférée, c’est la co-éducation. Quand je l’ai vue en application lors de mon premier week-end, le fait que les enfants peuvent autant nous apprendre que nous leur apprenons m’a fait beaucoup de bien. En étant petite, dans les centres aérés ou à l’école, j’avais rarement vu ça. Ça m’a permis de voir que le schéma éducatif pouvait changer pour les prochaines générations au sein de cette association. Cela a réparé quelque chose en moi qui m’avait fait beaucoup de mal durant mon enfance. Par exemple, ce sont des enfants qui m’ont appris à monter une tente lors de ce premier week-end. Je cite toujours cet exemple parce qu’il est très représentatif. Ces enfants de huit ans étaient experts en montage de tente et ils étaient ravis de me montrer ce qu’ils avaient appris et de me le transmettre. Je pense que beaucoup d’adultes auraient été un peu réticents, car certains ont du mal avec l’idée que les enfants puissent leur apprendre des choses. Mais moi, au contraire, j’ai trouvé cela adorable et ça m’a beaucoup touchée. J’étais convaincue que c’était quelque chose que j’aimerais développer davantage.
Peux-tu rappeler ton parcours aux éclés ?
Quand j’avais 17 ans, j’ai commencé comme responsable louvette et j’ai continué pendant trois ans. Ensuite, je suis passée responsable éclée. Malheureusement, j’ai dû arrêter à cause de mes études, mais ça me manque énormément. J’essaie de m’impliquer de temps en temps dans l’association, notamment pour le week-end régional en venant aider. Un moment marquant pour moi, c’est pendant mon premier camp. Je ne l’ai fait qu’à ma troisième année en tant que responsable. C’était un cabaret, et moi qui fait de l’art dans ma vie, j’ai trouvé incroyable de voir à quel point les enfants étaient créatifs et pleins d’idées. Il y a même un film de ce cabaret, et c’était vraiment incroyable. Tout le monde a adoré les spectacles, il y a eu des rires, de l’émotion. Avec Léo et Mathis, nous avions fait une introduction au cabaret pour que les enfants soient moins stressés de passer devant les autres et d’être jugés. Nous avions fait quelque chose de vraiment ridicule exprès pour leur montrer que le ridicule ne tue pas et qu’on est là pour s’amuser, sans pression ni jugement.
Les éclé.es mettent beaucoup l’accent sur l’engagement et la citoyenneté. Est-ce que ça a eu un impact sur toi ?
Complètement. Ça a eu deux impacts majeurs. Premièrement, une reconnexion avec la nature. En tant que responsables, nous bénéficions aussi de cette expérience, pas seulement les enfants. Je n’avais jamais fait de camping avant et j’ai découvert les joies de dormir sous tente, de se réveiller en pleine forêt. C’était magique. Cela a introduit le camping et la vie en pleine nature dans ma vie. On apprend qu’on peut se débrouiller avec peu de choses et profiter de la nature. Le deuxième impact concerne notre position pédagogique. Aux éclé.es, il y a constamment des discussions et des débats sur notre position éducative, on prend vraiment le temps de réfléchir et de se remettre en question. C’est quelque chose de très enrichissant.
Hier, les résultats des élections ont montré une montée de l’extrême droite. Quel rôle penses-tu que les éclé.es peuvent jouer face à cela ?
C’est une question difficile. Pour moi, les éclé.es sont très importants dans le développement de l’esprit citoyen des enfants. Aux éclé.es, on apprend des valeurs de citoyenneté qui sont, selon moi, cruciales. Tous les jeunes ne sont pas aussi sensibilisés à l’écologie et à l’éco-citoyenneté qu’aux éclé.es. Nous avons des activités autour de ces thèmes tout au long de l’année, et c’est un engagement fort. Ces valeurs, je souhaite les voir dans notre pays, dans notre monde. J’espère que cela aidera les jeunes à développer un esprit critique sur ce qui se passe et à comprendre quelles valeurs sont importantes pour eux
As-tu un exemple d’un ou d’une jeune pour qui les éclé.es ont eu un impact positif ?
Oui, un exemple qui me vient en tête est celui de M., un petit louveteau lors de mon premier camp. Il avait une culture de la nature très développée. Nous donnions des perles en fonction des compétences acquises pendant le camp. Après une balade en forêt, Mathis a expliqué à tout le monde comment reconnaître un champignon. Il a reçu une perle pour ses connaissances en nature et une autre pour la transmission de ces connaissances. Cela l’a vraiment valorisé et je pense que ça l’a boosté. Il a continué à développer cette qualité et à s’intégrer dans le groupe.
Que souhaites-tu pour le Groupe d’Ivry dans les prochaines années ?
J’espère que le groupe continue de se développer avec de nouveaux responsables, ce qui permettra d’accueillir plus de jeunes. Le groupe s’agrandit de manière très positive avec des personnes engagées et de belles personnalités. J’espère que nous continuerons à recruter et à impliquer des gens motivés à transmettre et à apprendre nos valeurs.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à devenir responsable ?
Devenir responsable, c’est s’engager dans une vie associative bénévolement. Cela peut sembler difficile au début, mais c’est une expérience incroyablement gratifiante moralement, psychologiquement, et intellectuellement. C’est important d’avoir un espace où l’on défend des valeurs qui nous tiennent à cœur et où l’on voit des enfants grandir et s’épanouir. Si ces valeurs vous parlent, je recommande fortement les Éclaireurs et Éclaireuses de France. C’est un excellent complément à toute expérience en animation.
Soyez indulgents avec vous-même. Nous sommes tous constamment en train d’apprendre, chacun à son rythme. Si vous souhaitez vous impliquer, les Éclés sont un excellent espace pour cela. Et dans la vie en général, c’est important de se rappeler que l’apprentissage est un processus continu.
